Retour sur la journée de l’abeille noire

Pour la 4ème année consécutive a eu lieu le dimanche 7 octobre 2018, la journée de l’abeille noire à Bidarray. Organisée par la mairie, l’association Erleak et le Conservatoire de l’abeille noire du Pays Basque, cette journée avait pour but de présenter l’apiculture, le travail de l’apiculteur ainsi que la race locale ; l’abeille noire du Pays Basque. Celle-ci est menacée par la vie moderne de l’homme ; l’utilisation de pesticides, l’introduction de races extérieures…
En cette occasion, de nombreux stands proposaient des produits issus de la ruche, des animations, des expositions de ruches, ainsi que deux conférences débat dont l’intervention de Catherine Flurin.
Catherine Flurin, apicultrice depuis 1976, a développé une approche particulière de l’apiculture ; l’apithérapie ou comment soigner avec les abeilles. Créatrice de son propre cahier des charges sur son travail auprès des abeilles, celui-ci inspirera une association qui créera un cahier des charges bio pour l’apiculture. Elle milite pour une apiculture biologique sans produits chimiques et à ainsi créé une entreprise qui propose de nombreux produits issus de la ruche 100 % naturels et certifiés bio. Très demandée sur le plan national mais aussi international, elle a participé en tant que conférencière nous détaillant les « Bienfaits des produits de la ruche sur la santé». Voici l’intégralité de cette conférence.

Le culte de l’abeille

 

Apiculture veut dire «Culte de l’Abeille», il ne s’agit en aucun cas de faire du Beekeeping, c’est-à-dire garder les abeilles, mais de créer un culte car se sont les abeilles qui nous guident. An de tester l’information que nous communiquent les abeilles, Catherine Flurin propose de réaliser sur nous-même un auto massage des mains avec l’aide du Baume de soin.

L’histoire de ce baume est très particulière. En effet, son père était médecin thermal à Cauterets. Avant elle, il y a eu 8 générations de guérisseurs dans la famille. C’est en explorant les grimoires familiaux qu’elle a extrait cette recette de baume de soin composé de propolis et de cire d’abeille. Celui-ci soigne les gerçures, les crevasses. La propolis et la cire d’abeille étant anti-herpétique le baume peut être utilisé pour soigner le zona, l’herpès.

« Notre peau est notre plus grande bouche, on peut utiliser les produits de la ruche de manière en passant par la voie cutanée » Catherine Flurin.

Quel est le bon moment pour l’essaimage ?

 

Cela dépend complètement de l’endroit, il faut guetter dans la ruche le moment où il y a une fièvre d’essaimage. Il faut alors observer les abeilles devant la ruche sur la planche d’envol

À ce moment là, la ruche commence a être bien pleine, il y a des abeilles qui volent sur tout la longueur de la planche cela veut dire qu’il y a du couvain partout au printemps.

Elles essaiment plus les 3-4 jours qui entourent la pleine lune ; si vous loupez une lune pour l’essaimage planiez pour la lune d’après. Cela peut correspondre à certaines oraisons, mais c’est variable dans chaque région. Cela est décidé par la nature, surtout en ce moment, les saisons sont très variables cela varie de plus en plus ; parfois en avance, parfois en retard.

Je n’ai jamais vu autant de variations au niveau des dates de oraisons, cela est de plus a plus aléatoire, d’où l’importance de laisser les abeilles s’adapter elles même.

Quel est votre taux de perte hivernal ?

 

Cela dépend, l’abeille n’est pas un animal domestique, mais on est parfois à la limite de la domestication. Lorsque l’on voit les pratiques, ce n’est pas progressif, on peut voir des pertes de plus de 50 %. Il ne faut pas se dire que cela est très négatif, parce que cela va aller beaucoup mieux après.

J’avais un rucher à un moment, un collègue m’a dit qu’il avait une sélection anti-varroa. Il m’a donné une dizaine d’essaims, soi-disant résistant au varroa. Je les ai placés dans une ruche où la sélection des abeilles avec le temps était très bonne, j’ai eu une mortalité énorme ; sur 30 ruches, il en est resté 10 .

Cependant, cela m’a emmené du sang neuf et une bonne sélection. J’en ai reperdu deux l’année suivante, et cela c’est re-stabilisé je n’y ai pas retouché depuis.

Désormais, cela se régule, il faut s’attendre a beaucoup de perte au début, d’où l’intérêt de ne pas faire une apiculture productiviste, mais d’allier cela a une autre activité agricole par exemple si quelqu’un a 50 ruches et qu’il en perd la moitié et qu’il n’a que ça pour vivre, c’est terrible.

Combien avez-vous de ruches ?

 

Un petit apiculteur, c’est moins de 100 ruches.

Nous avons beaucoup de ruches, mais on est nombreux, elles ne sont pas regroupées aux mêmes endroits. Nous avons 3 apiculteurs salariés en provence, dans les Alpilles. Ils s’occupent à eux trois de 80 ruches.

Cela s’est créé petit à petit comme un consortium de villages apicoles. On est une miellerie sous équipée ; nous avons une presse, un extracteur de miel, nous évitons de faire des miel monos-floraux volontairement.

Les miels sont récoltés en fonction de ce que les abeilles ont comme quantité de miel et la capacité qu’elles ont à nous laisser récolter on a une moyenne assez faible 10 kilos par ruche.

Nous récoltons la propolis, celle-ci étant un trésor, on fait plein de choses avec; des baumes, des crèmes, des sirops, des produits pour les sportifs. Pour tous les types de besoins. On fait en sorte que les humains découvrent que ce que font les abeilles, une sorte de médicaments (sans que cela ne soit homologué).

Nous les vendons comme des compléments alimentaires santé ou cosmétique santé. (pommades, des gommes a l’eucalyptus, on vise le soin énergétique plus que la spéculation que sur le miel de table).

Les huiles essentielles sont mieux que les produits chimiques pour les soigner ?

Il faut beaucoup de fleurs, pour faire une huile. Nous utilisons des infusions de fleurs fraiches, toute l’information du thym par exemple est aussi dans l’infusion, on fait de l’hydromel fermenté, on ajoute des extraits de plante qui va extraire une sorte d’alcool, on va leur en donner mélangé a autre chose, car elles n’aiment pas lorsque c’est alcoolisé.

Le problème des huiles essentielles est que ce n’est pas durable, cela provoque des biopiratages, des désastres.

En sentant le produit, vous entrez dans la ruche, il agit sur la peau, mais aussi sur le système nerveux, lymphatique, la mémoire, le cerveau reptilien. Il est très important en frottant les mains de sentir ; vous avez alors la sensation d’être transporté dans une ruche et de faire partie de l’univers de l’abeille blanche, vous devenez une partie de l’abeille.

Les abeilles vous qualifieront ensuite comme faisant partie de leur matrice, car nos intentions changent, nous entrons profondément dans l’univers de l’abeille dont nous faisons partie. Le pouce représente l’intention première, pourquoi, nous personnes uniques nous sommes venus dans ce monde, le monde de l’abeille blanche. Quand vous frottez votre pouce, vous stimulez votre intention première, votre caractère unique de personne humaine et le pourquoi de votre présence sur cette terre.

L’index, symbolise la direction que l’on veut prendre dans nos vies, il s’agit de notre direction unique. Le majeur représente l’égo, le besoin de reconnaissance, nous aidons notre égo a prendre sa place dans notre vie.

L’annulaire, est l’alliance de l’amour de soi qui permet de s’allier avec l’autre. Nous ne pouvons pas nous allier à quelqu’un sans s’aimer soi-même avant tout. L’auriculaire, « C’est mon petit doigt qui m’a dit ». Il s’agit de la capacité à sortir de nos limites d’aller au-delà de ce qui est convenu et appris. Cet exercice, complété par le baume de soin, est très bénéfique et permet de prendre conscience de la place que nous occupons auprès de l’abeille.

«Nous pouvons soigner une multitude de maladies avec ce type de produit. Métabolisme renforcé, augmentation des performances… Les produits de la ruche réagissent très bien permettant de tout soigner » Catherine Flurin.

De nos jours, certains hôpitaux l’ont compris et ils utilisent le miel an d’aider à la cicatrisation des plaies post-opératoires. Cela est, en effet, possible à condition qu’il s’agisse de miel non transformé, naturel et récolté dans le respect des abeilles. Si l’on veut obtenir un produit vivant, on ne peut se contenter de voler les abeilles comme le font certains apiculteurs très productivistes.

« Les abeilles nous montrent comment on peut vivre en bonne santé, en accord avec le reste de la planète. Le principal produit de la ruche, c’est l’abeille.  »

C’est-à-dire que jamais les équipes de Ballot-Flurin n’interviennent pour obliger les abeilles à butiner un type spécifique de fleurs. Elles ont le choix de sélectionner leur reine, la fécondation est naturelle.

« Nous sommes pour le retour de l’abeille libre »

À la fin de la conférence le public à posé quelques questions, les voici retranscrites ici.

Qu’est ce que l’abeille blanche ?

Lorsque l’on regarde la ruche de près, on voit plutôt les abeilles d’une couleur foncée, lorsque vous les regardez s’envoler il y a un moment où elles se désatomisent et ou elles deviennent complètement blanche, lumineuses, pourquoi?

Parce qu’elles volent à 60 à l’heure et ce vol ne peut pas s’expliquer avec les lois de l’aéronautique. L’abeille est trop lourde et elle a de trop petites ailes pour qu’elle puisse voler à cette vitesse.

Donc elle utilise des techniques que l’on va redécouvrir au Bénin. Cela consiste à se désatomiser. Alléger son poids atomique et se retransformer en photons. C’est de la physique quantique.

Donc l’abeille noire devient blanche quand elle vole. L’abeille blanche, c’est la lumière, elles se désatomisent à ce moment-là et elles se mettent à être de la lumière et la lumière ce n’est pas un individu, c’est un ensemble.

Est-il possible de démarrer un élevage de ce type dans un contexte où on retrouve des apiculteurs avec des techniques productivistes ?

Cela est plus difficile de convaincre des apiculteurs déjà installés, on réussit mieux à convaincre les jeunes apiculteurs que ceux qui ont déjà une longue expérience. Cela n’est pas facile pour eux de changer de manière de travailler. Beaucoup utilisent l’enfumoir et son très habitués à cette méthode.

Pour sauver les abeilles, il faut changer la manière de faire l’apiculture. Nous avons créé un fond en faveur de l’apiculture DOUCE® en finançant des conseils auprès d’agriculteurs qui voudraient diversifier leurs pratiques, qui sont déjà intéressés par le fait de diversifier leur activité et d’avoir des abeilles.

Il s’agirait d’intégrer un atelier apicole au sein de leur ferme d’élevage de moutons ou de produits maraîcher Installer un nouvel atelier avec des abeilles, mais sans pour autant en faire son activité principale.

Ils débuteraient avec 12, 24 ou 48 ruches. Il démarre avec des ruches très simples avec des barrettes ou elles construisent la cire, ils prélèvent le miel, mais pas la propolis et la gelée royale.

Ils évitent cependant de transporter les ruches d’un endroit à un autre, car elles ne sont pas faites pour être transhumées.

Cela se fait seulement s’il y a un glissement de terrain ou évènement particulier. Il n’est pas nécessaire d’avoir un camion de transhumance, un camion industriel pour cette activité. Le miel peut être extrait avec un extracteur à moteur, à la main, par pressage pour récolter la cire.

L’agriculteur qui veut diversifier un atelier apiculture, peut petit à petit favoriser de quoi permettre aux abeilles de se nourrir toute l’année, en laissant des zones avec des ronces, du lierre favoriser le noisetier, le saule, il permettra aux abeilles de vivre libres.

Comment lutter contre le varroa ?

Il faut savoir que plus on lutte contre quelque chose, plus on favorise l’envahisseur. Cela ne résout rien de lutter, il faut au contraire déterminer ce que l’on veut.

Faisons en sorte que l’abeille trouve la solution elle-même pour être plus forte, plus nombreuse.

Si on part de ce principe-là, on laisse la sélection naturelle se faire. Le moyen de lutte plus technique consiste en la division d’essaims où « l’essaimage». On divise par 4 la ruche au moment ou elles élèvent les reines donc on met des cellules royales naturelles qui se forment naturellement dans 4 ruches différentes avec une partie des abeilles et cela forme 4 nouvelles ruches à partir d’une seule.

Si l’on a choisi le bon moment, les ruches vont se peupler très vite, la reine va naître, se faire féconder naturellement. Pendant l’année certaines ruches vont faiblir parce qu’il y aura plus de varroa … Mais les ruches restantes au printemps contiendront des abeilles plus résistantes la sélection naturelle aura été bénéfique.

Il est plus intelligent de mettre en place ce protocole que de traiter. En faisant ainsi, nous permettons aux abeilles de se défendre elles-mêmes tout en leur donnant aussi le droit de mourir. Il faut accepter le fait que certaines ruches ne redonnent pas au printemps.

La récolte se fait à main nues sans enfumoir et sans voile. Derrière cela, il y a une méthode de récolte qui tient compte de la connaissance qu’ont les abeilles depuis 5 millions d’années sur terre. Elles savent s’y prendre pour survivre, pour sélectionner les fleurs, les micro-organismes, il est très important de ne pas intervenir avec des produits extérieurs an de ne pas

détruire cet équilibre très bénéfique. Les frelons ont bien compris cela. Ils guettent les abeilles à la sortie de la ruche les coupent en deux et absorbent le contenu de leur jabot, car celui-ci contient un ensemble de micro-organismes servant d’antibiotique et de probiotique. Les abeilles les fabriquent en permanence.

Notre corps lui aussi est constitué de micro organismes, nous pouvons ainsi être comparés à une ruche. Lorsque vous appliquez du miel intégral sur votre peau, non chauffé, non abîmé, vous bénéficiez du microbiote naturel de la ruche. Cela stimule la reconstruction de la vie dans votre corps.

« On a tous chez nous un trésor pour notre santé à condition que l’on considère les abeilles comme libres et non pas comme esclaves de nos besoins » Catherine Flurin

Même si les abeilles sont très importante our notre santé et la vie en général, il na faut pas cependant décider dans mettre partout notamment en ville. Qu’elle soit d’élevage ou sauvage, cela n’est pas respecter l’abeille que de les exposer sur des toits en pleine chaleur l’été en plein vent l’hiver dans la pollution.

Elles ont besoin de fleurs variées et sauvages émanent d’une terre variée et riche. Il est aussi important de laisser la place aux autres pollinisateurs qui eux aussi ont payé un lourd tribu aux sulfatages intempestifs.

« L’apiculture DOUCE®, c’est le culte des abeilles, on les considère comme des présidentes de notre société d’humains, nous les respectons, nous sommes bienveillants et non-brutaux avec elle. » Catherine Flurin.

Une des premières étapes pour faire de l’apiculture douce consiste à faire du yoga des abeilles, vivre quelques jours auprès d’elles, jusqu’à qu’elles viennent à nous.

De nombreux apiculteurs travaillent toute leur vie auprès d’abeilles, mais restent terrifiés par elles, ils ne sont pas capables de ressentir ce que les abeilles ont envie de leur dire. Si elles se manifestent par des piqûres, cela signifie que nous les gênons ou bien que l’on va faire quelque chose en contradiction avec leurs intérêts. Le fondement de l’apiculture douce est de travailler en fonction du rythme de l’abeille et de parfois savoir remettre au lendemain une étape de travail.

3 commentaires
  1. J’ai lu vos propos sur les abeilles et bien que je ne les connaisse pas bien, je sens intuitivement que votre façon de faire est juste. J’ai toujours aimé les abeilles bien que je sois en ville quand je les vois butiner je suis touchée par leur ardeur au travail. Je suis professeur de yoga et çà m’interpelle que vous parliez de yoga pour les abeilles, mais je pense que c’est une communion avec elles qui vous permet de si bien les connaître.
    continuez.

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